Attention : ce document sur SETI@home est écrit à
l'intention de scientifiques et ingénieurs. Dans le but de noyer le
public avec des propos confus et abscons, nous utiliserons un substantiel
jargon technique. ;-)
Note : les acronymes et titres originaux en Anglais sont
expliqués et accessibles avec Internet Explorer dans une bulle
d'information, en pointant le curseur sur les termes concernés.
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L'étude du ciel par SETI@home.
1. Introduction.
SETI@home est une étude du ciel monumentale menée dans le cadre du SETI au
radio-télescope de 305 mètres du Centre National d'Études d'Astronomie
et de l'Ionosphère (N.A.I.C.) de
Arecibo à Puerto Rico. L'étude du ciel couvre une bande passante de
2,5 MHz, centrée à
1420 MHz, puisque bien des
chercheurs ont suggéré la frange de 21 cm de l'Hydrogène comme étant la plus
probable bande sujette aux transmissions interstellaires. L'étude portera
sur 28 % du ciel (dans des déclinaisons angulaires de +1 à +35
degrés) avec une sensibilité de 3×10-25 W/m2. Les
observations de SETI@home s'étendront sur un total de 2 années, durant
lesquelles la plus grande partie du ciel sera observée deux ou trois
fois. Les observations ont commencé en octobre 1998.
La plus grande partie de l'analyse des données de SETI@home sera
accomplie avec les moyens de l'informatique distribuée grâce à l'aide
de centaines de milliers de participants et de leur ordinateur connecté
à Internet [ Sullivan et al., 1997 ].
SETI@home, conjointement avec le programme SETI SERENDIP IV [ Werthimer et al., 1997 ], utilise un récepteur
dédié pour explorer la bande L depuis le télescope d'Arecibo.
L'utilisation d'une antenne et d'un récepteur indépendant permet aux
observations SETI d'être menées simultanément avec les programmes de
recherche ionosphériques et astrophysiques en cours; de cette façon,
SETI@home peut observer tout au long de l'année sans interférer avec les
autres efforts scientifiques. Cette technique commensale, aussi appelée
"SETI en ferroutage" ("piggyback SETI" ),
a été développée par le programme SETI du SERENDIP à l'U.C. Berkeley [ Bowyer et al., 1983 ].
L'espace de recherche de SETI@home est pratiquement orthogonal à
l'étude du ciel de SERENDIP IV ; bien que SETI@home ait une
couverture en fréquences 40 fois moindre, sa sensibilité en est 10 fois
meilleure. La recherche de SETI@home couvre également une bien plus
grande variété de bandes de fréquences, de vitesses de dérive, et
d'échelles de temps que SERENDIP IV ou que tout autre programme SETI à
ce jour.
2. Le récepteur SETI@home et l'enregistrement des
données.
SETI@home et SERENDIP IV utilisent un collecteur plat et un récepteur
cryogénique dédiés montés sur la plate-forme de transport du
télescope d'Arecibo L'antenne fournit une polarisation simple linéaire
avec un gain de 3 K/Jy et
une largeur de faisceau de 0,1 degré d'angle. La température du
système ne dépasse pas 45 K.
La sortie du récepteur est collectée et convertie à l'aide de
mélangeurs analogiques en quadrature et de filtres, puis numérisée et
convertie en bande de base par un mélangeur numérique en quadrature et
une paire de filtres passe-bas à réponse en impulsion finie sur 256
points [ Backer et al., 1997 ]. La bande
résultante de 2,5 MHz est
enregistrée en continu sur des bandes DLT-IV de 35 Go avec un échantillonnage sur deux bits,
conjointement avec les données de coordonnées du télescope, des
moniteurs de temps et de contrôle. Les bandes sont acheminées par
courrier à U.C. Berkeley pour analyse ; l'étude complète du ciel
requière 1 100 bandes pour un enregistrement total de 39 To de
données.
Nous espérons enregistrer des données de haute qualité pendant
65 % du temps, en observant chacun des millions de faisceaux deux ou
trois fois durant le programme de deux ans. Il est important d'observer
chaque faisceau plusieurs fois parce que des sources peuvent scintiller
[ Cordes et al., 1991 ] ou ont de courts
cycles d'utilisation, et que la majeure partie de nos robustes algorithmes
de détection dépend des détections multiples.
SETI@home peut collecter des données utiles à chaque fois que le
télescope est stationnaires ou que le foyer Gregorian piste une source.
Quand le système Gregorian poursuit une source, l'antenne de SETI@home
bouge de à 1 ou 2 fois la vitesse sidérale dans le ciel, et une source
reste dans le faisceau pendant 12 à 24 secondes. Quand le télescope est
stationnaire, une source reste dans le faisceau durant 24 secondes. Nous
ne pouvons pas collecter de données utiles quand un transmetteur émet
vers l'ionosphère ou quand le télescope se déplace rapidement dans le
ciel (puisque alors nous ne pouvons pas obtenir une position précise) ou
quand la plate-forme de transport est en poursuite (nous ne pouvons
rejeter les I.R.F.
à court terme quand l'antenne piste une source).
3. L'analyse des données.
Les bandes de données de SETI@home du télescope d'Arecibo sont
divisées en petites "unités de travail" comme suit : les
données de la largeur de bande de 2,5 MHz
sont d'abord éclatées en 256 sous-bandes au moyen d'une transformée de
Fourier rapide (F.F.T.)
à 2 048 points, et de 256 transformées inverse à huit points.
Chaque unité de travail consiste en 107 secondes de données d'une
sous-bande de 9 765 Hz. Les
unités de travail sont alors envoyées sur Internet à des centaines de
milliers de programmes clients "écrans de veille" autour du
monde qui réalisent l'essentiel de l'analyse des données.
Puisque le signal d'une civilisation extraterrestre a une bande passante
et une échelle de temps inconnue (c. à d.
le signal peut être pulsé ou continu, et de bande large ou étroite), le
logiciel client recherche des signaux sur des largeurs de bande de
0,075 Hz à 1 220 Hz et espacées sur 15 octaves, et des
échelles de temps de 0,8 ms
à 13,4 secondes. Le cadre de repos du transmetteur d'une autre
civilisation est également inconnu (par exemple, leur transmetteur peut
être sur une planète en rotation et en révolution autour d'une étoile
elle-même dans une galaxie en rotation), aussi les signaux
extraterrestres seront sujets à une dérive en fréquences au regard du
cadre de référence topocentrique de l'observatoire. Puisque le cadre de
référence est inconnu, le logiciel client examine 6 761 (versions 1.x et 2.x) ou près
de 24 000 (versions 3.x) cadres
de repos à différentes accélérations Doppler ("vitesse de
dérive" ou "gazouillement "),
s'étendant de -10 Hz/s
à +10 Hz/s (versions
1.x et 2.x) ou de -50 Hz/s à +50 Hz/s
(versions 3.x), avec une recherche détaillée par pas de 0,002
Hz/s dans le domaine central de -5 Hz/s à +5 Hz/s (versions 1.x et 2.x) ou de
-10 Hz/s
à +10 Hz/s (versions
3.x), et une recherche moins détaillée par pas de 0,007 Hz/s
dans les domaines extrêmes.
La suppression du gazouillement dans les données est accomplie en
multipliant les données du domaine de temps relatif du récepteur au
repos par le vecteur complexe V :
|
V |
= e(-i × c × tr^2)
= R(V) + i . I(V) ,
soit R(V) = cos(- c . tr^2) ,
et I(V) = sin(- c . tr^2)
; |
|
t |
= V × tr
= R(t) + i . I(t) ,
soit R(t) = cos(- c . tr^2) × tr , et I(t)
= sin(- c . tr^2) × tr ; |
où : |
t |
= temps complexe accéléré du récepteur ; |
|
V |
= vecteur complexe d'accélération du
temps ; |
|
tr |
= temps relatif du récepteur au repos ; |
|
c |
= accélération Doppler relative du
récepteur, à valeur dans:
-10 Hz/s à +10 Hz/s (versions 1.x et 2.x) ou
-50 Hz/s à +50 Hz/s (versions 3.x) ; |
A chaque taux de dérive, la recherche de crêtes est effectuée par le
calcul de F.F.T.'s
non superposées et de leur spectre en puissance résultant. Les longueurs
de F.F.T. vont
de 8 à 131 072 points en 15 pas d'octaves (soit une une résolution
temporelle de 0,8 ms à 13,3 secondes, ou une résolution spectrale
équivalente de 1 220 Hz à 0,075 Hz). Les crêtes de plus de 22
fois la puissance moyenne sont enregistrées et renvoyées à l'équipe de
SETI@home pour analyse ultérieure.
Notez que le dernier pas d'octave (FFT de 131072 points, soit la
résolution spectrale de 0,075 Hz ou temporelle de 13,3 secondes) n'est
pas calculé dans les domaines extrêmes de dérive Doppler de valeur
absolue supérieure à 5 Hz/s, car l'effet de l'accélération dans le
temps d'un tel signal dépasse alors la résolution temporelle recherchée
pour la durée de transition du faisceau sur un point du ciel (pour
effectuer une recherche avec une telle résolution en fréquence, il
faudrait que le signal capté soit échantillonné avec une vitesse deux
fois plus élevée, ce qui diviserait par deux la résolution temporelle
mais multiplierait aussi par deux le volume binaire requis par les
données de signal dans chaque unité de travail).
A côté de la recherche de crêtes dans les données en
multi-résolution spectrale, SETI@home cherche aussi les signaux qui
s'accordent au motif gaussien du faisceau du télescope. L'accord au
faisceau Gaussien est calculé à toutes les fréquences et toutes les
vitesses de dérive Doppler dans des résolutions spectrales de
1 220 Hz à 0,6 Hz (résolution temporelle de 0,8 ms à 1,7 secondes), ce qui exclue la
recherche des signaux gaussiens sur les FFT de 128 points et plus (ces
FFT produisent seulement 4 valeurs de puissance instantanée ou moins
durant la transition du télescope sur un secteur du ciel, rendant
l'accord gaussien non significatif), ou si le faisceau traverse le
ciel trop rapidement.
De même, cette recherche de signaux gaussiens n'est pas effectué du
tout si le télescope poursuit une position fixe du ciel (ou effectue un
déplacement angulaire trop faible, inférieur à la largeur angulaire du
faisceau à mi-puissance de réception), car alors la forme gaussienne
du faisceau n'est pas détectable pendant la durée de réception de
l'unité de travail. Ces deux cas produisent des unités de travail
calculées plus rapidement que les autres (le cas du déplacement trop
rapide est assez rare, mais le cas de traversées lentes ou de poursuites
statiques d'une cible est assez fréquent à Arecibo).
L'algorithme d'accord au faisceau tente d'accorder une courbe gaussienne
pour chaque origine de temps t0 et chaque fréquence avec les
données spectrales multi-résolution, de la forme :
|
P(t) |
= PB + PA . e(-(t - t0) / (tb^2)) ; |
où : |
P(t) |
= puissance complexe prévue à l'instant complexe t ; |
|
PB |
= puissance moyenne du bruit de fond (sidéral ou atmosphérique) dans
la bande étudiée ; |
|
PA |
= puissance du signal en Crète ; |
|
t |
= instant complexe accéléré de réception du signal (voir
ci-dessus) ; |
|
t0 |
= instant de crête gaussienne ; |
|
tb |
= largeur de temps à demi-puissance gaussienne du faisceau
instrumental ; |
PA, PB, et t0 sont des paramètres
libres pour la recherche d'accords, mais la largeur de faisceau est
connue, calculée sur la cadence de déplacement angulaire du télescope,
transmise avec chaque unité de travail. Les accords gaussiens dont le
rapport signal-bruit (PA / PB) dépasse 3,2
et dont le facteur d'indépendance "Chi-2" (c2)
calculé sur l'ajustement est inférieur à 10 (versions 1.x ou
2.x) ou 8 (versions 3.x) sont rapportés par le logiciel
client à l'U.C. Berkeley pour analyse ultérieure. Un ajustement gaussien
typique est montré en figure 1.
La plupart des signaux trouvés par les programmes clients finiront par
être classés en interférences de radio-fréquences d'origine terrestre
(I.R.F). Nous employons un nombre substantiel d'algorithmes pour rejeter
les divers types d'I.R.F. [ Cobb et al., 1997 ].
Une fois les I.R.F rejetées, nous recherchons dans l'ensemble restant de
données les détections multiples dans chaque cadre de référence, en
donnant plus de poids aux signaux dérivant ou pulsatifs, ou à ceux qui
se répètent dans le cadre de référence barycentrique, qui s'accordent
au motif du faisceau de l'antenne ou aux détections coïncidant aux
planètes nouvellement détectées, dans le voisinage d'étoiles (depuis
le catalogue [ Gliese ]) ou d'amas globulaires (là encore,
détails dans [ Cobb et al., 1997 ]). Nous
comparons les signaux candidats avec les données de SERENDIP IV, et nous
poursuivrons les candidats intéressants par des observations dédiées.
Figure 1 : un accord gaussien trouvé par un
client dans une unité de travail typique.
Cette unité de travail ne contient que du bruit (aucun signal présent).
4. Références.
[ Backer, Dexter, Zepka, Ng et Werthimer ]
(1997) :
"Une
banque programmable de filtres numériques à 36 MHz pour la radio-science,"
Publications de la Société Astronomique
du Pacifique , p.109 (Janvier 1997).
[ Bowyer, Zeitland, Tarter, Lampton et Welch ]
(1983) :
"Le programme SETI
parasite de Berkeley,"
Icarus numéro 53, p.147-155.
[ Cobb, Donnelly, Bowyer, Werthimer et Lampton ]
(1997) :
"Le
système SERENDIP IV de rejet des interférences et de détection de
signal,"
dans le livre "Les
origines astronomiques et biochimiques et la recherche de la vie dans
l'univers," Bowyer et Werthimer, éditions Cosmovici.
[ Cordes, Lazio et Sagan ] (1997) :
"L'intermittence
induite par le scintillement dans le SETI,"
Le Journal d'Astrophysique .
[ Sullivan,
Werthimer, Bowyer, Cobb, Gedye et Anderson ] (1997) :
"Un
nouveau projet SETI majeur basé sur les données du projet SERENDIP et
100 000 ordinateurs personnels,"
dans le livre "Les
origines astronomiques et biochimiques et la recherche de la vie dans
l'univers," Bowyer et Werthimer, éditions Cosmovici.
[ Werthimer, Bowyer, Ng, Donnelly, Cobb, Lampton
et Airieau ] (1997) :
"Le
programme SETI de Berkeley : instrumentation du SERENDIP IV,"
dans le livre "Les
origines astronomiques et biochimiques et la recherche de la vie dans
l'univers," Bowyer et Werthimer, éditions Cosmovici.
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